LapoĂ©sie est un oiseau – Martyne Dubau. La poĂ©sie est un oiseau qui s'envole au-delĂ  des mots, chacun d'eux est un paysage qu'il survole, planant au vent La poĂ©sie a sous son aile tous les mots du Lire La Suite. 26 janvier 2022 / dubau, La PoĂ©sie Musicale, martyne, Oiseau, PensĂ©es PoĂ©tiques, plume, poĂšme, POESIE, poĂ©sie, poĂšte. Depuis quelques semaines, je me creuse la tĂȘte pour trouver une chanson ou un poĂȘme qui parle de l'automne. Comme j'ai eu de la difficultĂ© Ă  m'arrĂȘter sur un choix, je propose trois poĂȘmes parmi lesquels puiser une ou plusieurs phrases inspirantes. Sur les crĂ©ations je veux voir une photo prise en automne avec des feuilles et aussi une ou plusieurs phrases des poĂšmes qui sont suggĂ©rĂ©s. L'automne On voit tout le temps, en automne, Quelque chose qui vous Ă©tonne, C'est une branche, tout Ă  coup, Qui s'effeuille dans votre cou. C'est un petit arbre tout rouge, Un, d'une autre couleur encor, Et puis, partout, ces feuilles d'or Qui tombent sans que rien ne aimons bien cette saison, Mais la nuit si tĂŽt va descendre ! Retournons vite Ă  la maison RĂŽtir nos marrons dans la cendre. Lucie DELARUE-MARDRUS 1874-1945 Le bel automne est revenu À pas menus, menus, Le bel automne est revenu Dans le brouillard, sans qu'on s'en doute, Il est venu par la grand'route HabillĂ© d'or et de carmin. Et tout le long de son chemin, Le vent bondit, les pommes roulent, Il pleut des noix, les feuilles croulent. Ne l'avez-vous pas reconnu ? Le bel automne est revenu. Raymond RICHARD Les feuilles mortes Tombent, tombent les feuilles rousses, J'entends la pluie sur la mousse. Tombent, tombent les feuilles molles, J'entends le vent qui s'envole. Tombent, tombent les feuilles d'or, J'entends l'Ă©tĂ© qui s'endort. Tombent, tombent les feuilles mortes, J'entends l'hiver Ă  ma porte. Pernette CHAPONNIÈRE 1915- 2008 Petites poĂ©sies des quatre saisons Voici ma page... MatĂ©riel utilisĂ© Carton Bazzill swiss dot rosePapier Fancy Pants Memories CapturedPapiers My Mind's EyePapier Pink Paislee Parisian Anthology Beautiful ButterflyLettrages Prima alphabet gris et Basic Grey vert letter stickersAmerican Craft Thickers rose bonbon atelier d'imprimerieLigne de pierres brillantes Zva CreativeBadge Lime CitronPin jaune MME Miss CarolinePin feuille verte vrac boutique ADSÉtampe filet Lime CitronFeuille verte poinçon feuille et papier suĂšde vert mousseFeuille jaune American Craft Holiday House Chipboard FallFeuille multicolore fait avec une dĂ©coupe Bigz, Alcohol ink et papier glacĂ© Benaljen Aubal des saisons ÉtĂ© et Automne ont tant dansĂ©, "temps" tournĂ© Qu’ÉtĂ©, Ă©tourdi par cette valse endiablĂ©e, a rendu l'Ăąme dans les bras d'Automne Ă©berluĂ©. Adrien saisit le pourquoi de ce dĂ©but d'Ă©tĂ© gris gris gris et pluvieux. Une fois saisi, il met le tout dans la grande poche de sa salopette de chaman et lentement il tourne, mains tendues et
43 poĂšmes <12356PhonĂ©tique Cliquez pour la liste complĂšte caca cacao cacaos cacaotĂ© cacas cagot cahot cahotĂ© caĂŻd caĂŻeu caĂŻque caĂŻques cake cakes caoua caouas caqua caquai caquais caquait caquas caquĂąt caque caquĂ© caquĂ©e caquĂ©es caques caquĂ©s caquet ... Autrefois on vouait un saint culte au grand Ăąge. Quand sur le sol tremblaient les autels chancelants, Un seul restait debout au milieu de l'orage, L'autel des cheveux blancs. La vieillesse toujours, et dans Rome et dans Sparte, Fut l'arbitre des lois et du gouvernement. Le respect des vieillards de toute ancienne charte Etait le fondement. Les jeunes gens couraient prĂšs d'une tĂȘte blanche, Qu'il Ă©tait beau ce nƓud qui, toujours enlacĂ©, Liait le front adulte au front que le temps penche, Le prĂ©sent au passĂ© ! HĂ©las ! elle n'est plus, cette Ăšre de foi sainte ! La vieillesse a perdu son antique pavois. Elle a suivi les Dieux sa latrie est Ă©teinte Dans les mƓurs, dans les lois. En notre Ăąge pervers, pour la jeune moustache On a plus de respect que pour les blancs cheveux. Le vieillard-aujourd'hui n'est plus qu'une ganache, Un radoteur, un vieux. Mais ce n'est point assez qu'on lance l’anathĂšme, De nos jours, au vieillard autrefois vĂ©nĂ©rĂ©. Le siĂšcle peut montrer un vieillard... ĂŽ blasphĂšme ! FraĂźchement dĂ©corĂ© !!! DĂ©corĂ© ! c'est passer les bornes de l'insulte. DĂ©corer un vieillard ! Un homme infirme encore ! C'est digne d'un pouvoir qui garde pour tout culte Le culte du Veau d'or. N'as-tu donc tant vĂ©cu que pour cette avanie ? La croix, ĂŽ Montlosier, la croix ! affreux malheur ! C'est un lourd cauchemar qui, dans ton insomnie, PĂšsera sur ton cƓur ! A quoi donc t'ont servi les nombreuses pituites Et l'honneur amassĂ©s depuis quatre-vingts ans ? Et tes anciens combats contre les noirs jĂ©suites, Et tes patois rĂ©cents ? Quand des petits journaux la laniĂšre te blesse, Le pouvoir, te laissant dans un triste abandon, Tare grotesquement ta robe de vieillesse De son rouge cordon. C’est montrer peu d'Ă©gards pour ta noble perruque. Le rĂ©gime qu'on voit, de ton Ăąge envieux, Traiter si lestement ta poitrine caduque, Ne sera jamais vieux. Toi qui portes si bien le poids de ton grand Ăąge, Puisse-tu, retrouvant ta primitive ardeur, Avec la mĂȘme force et le mĂȘme courage Porter ta croix d'honneur !La vieillesse PoĂšmes de AgĂ©nor Altaroche Citations de AgĂ©nor AltarochePlus sur ce poĂšme Voter pour ce poĂšme 167 votesEncore un premier jour de l'an Que le temps nous apporte ! Cette date donne l'Ă©lan Aux vƓux de toute sorte. Puissiez-vous, gais et bien portants, Quand reviendra la fĂȘte, En faire encore aprĂšs cent ans... Oui, je vous le souhaite ! MĂ©nages oĂč l'on voit liĂ© Le printemps et l'automne, Vieux maris, prĂšs de vos moitiĂ©s Que jeunesse aiguillonne, A bon droit, vous en attendez FidĂ©litĂ© parfaite, Pur amour, serments bien gardĂ©s... Oui, je vous en souhaite ! Que de badauds ambitieux, Pour s'enrichir plus vite, Chez nous plongent Ă  qui mieux mieux En pleine commandite ! Toute action pour spĂ©culer Leur est de bonne emplette ; Les dividendes vont grĂȘler... Oui, je leur en souhaite ! La libertĂ© devra beaucoup A la nouvelle Chambre. On va te limer sur son cou Vil carcan de septembre ! Source de salutaires lois, La RĂ©forme complĂšte MĂȘme au gĂ©nie offre des droits... Oui, je vous en souhaite ! Nos diplomates couards et mous, Que partout on brocarde, Au lieu de se mettre Ă  genou, Sauront se mettre en garde. Le coq du peuple souverain Redressera sa crĂȘte, Le long des frontiĂšres du Rhin... Oui, je le lui souhaite ! On promet des amendements A nos taxes trop dures ; On sape les gros traitements, Les grasses sinĂ©cures. L'AmĂ©rique sur nos Ă©cus N'enverra plus de traite ; Les princes ne quĂȘteront plus... Oui, je vous en souhaite ! Notre théùtre n'est plus veuf Veuf de la tragĂ©die. Il en naĂźt une Ă  l'esprit neuf, A la sphĂšre agrandie. Dumas de sa mĂ©moire l'eĂ»t, C'est Ida qui l'allaite, Et l'art en attend son salut... Oui, je le lui souhaite ! Qui trop embrasse mal Ă©treint, Nous dit un vieil adage, Je vais d'un souhait plus restreint Français, vous faire hommage. Par les complots qu'on voit pleuvoir, Puisse dans sa couchette Chacun de vous dormir ce soir... Oui, je vous le souhaite !Mes souhaits de bonne annĂ©e PoĂšmes de AgĂ©nor Altaroche Citations de AgĂ©nor AltarochePlus sur ce poĂšme Voter pour ce poĂšme 162 votes<12356Les poĂšmes A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y ZLes poĂštes A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
Commele calcul, apprendre de la poĂ©sie et la dire devant toute la classe constitue toujours, malgrĂ© les rĂ©formes successives, l’un des piliers de l’enseignement en primaire. Jusqu’en

CONTRAT POESIE CM1 PERIODE 1 L`automne On voit tout le CONTRAT POESIE CM1 PERIODE 1 L'automne On voit tout le temps, en automne Quelque chose qui vous Ă©tonne, C'est une branche tout Ă  coup, Qui s'effeuille dans votre cou ; C'est un petit arbre tout rouge, Un, d'une autre couleur encor, Et puis partout, ces feuilles d'or Qui tombent sans que rien ne bouge. Nous aimons bien cette saison, Mais la nuit si tĂŽt va descendre ! Retournons vite Ă  la maison RĂŽtir nos marrons dans la cendre. Le cartable d’Annabelle Le cartable d’Annabelle Aime les livres. Il avale en cachette Tous ceux de la bibliothĂšque. Le cartable d’Annabelle Se rĂ©gale de fables, D’albums colorĂ©s, De romans policiers. Il connait le nom des fleurs, Des villes et des Ă©toiles. Il n’est jamais seul, Il a beaucoup d’amis, Les livres en sont remplis. Lucie Delarue-Mardrus HĂ©lĂšne BENAIT Le bel automne Villanelle À pas menus, menus, Le bel automne est revenu Dans le brouillard, sans qu’on s’en doute, Il est venu par la grand’route HabillĂ© d’or et de carmin. Et tout le long de son chemin, Le vent bondit, les pommes roulent, Il pleut des noix, les feuilles croulent. Ne l’avez-vous pas reconnu? Le bel automne est revenu. Raymond Richard C'est la rentrĂ©e Une feuille d'or, une feuille rousse, un frisson de mousse, sous le vent du nord. Quatre feuilles rousses, quatre feuilles d'or, le soleil s'endort dans la brume douce. Mille feuilles rousses, que le vent retrousse. Mille feuilles d'or sous mes arbres morts. Vite, vite, il faut se presser Le rĂ©veil a dĂ©jĂ  sonnĂ©! Un peu raplapla, Toilette de chat. Petit dĂ©jeuner, TrĂšs vite avalĂ©. Cheveux en pĂ©tard, Un peu dans le brouillard. On file comme l'Ă©clair, Chaussettes Ă  l'envers. Vite, vite, il faut se presser, C'est la rentrĂ©e! Sylvie PoillevĂ© Alain Debroise Au pays d'Alphabet Au pays d'Alphabet, Les lettres s'ennuyaient ; Chacune dans son coin, inutile, Elles ne savaient que faire, Elles ne savaient que dire ! Mais un jour, le E, le A, le U se rencontrĂšrent... Eau ! Dirent-elles ensemble. Oh ! S'exclamĂšrent les autres. Le C, le R et le I poussĂšrent un cri, Signe qu'ils avaient compris. Et c'est ainsi que tout a commencĂ©. Jacques Lafont

Quandl’automne en sous-bois offre sa beautĂ© pure Entre crĂȘtes et lacs au cƓur de la forĂȘt, Quand tout devient fraĂźcheur dans l’écrin de verdure, Couleurs et harmonie en flattent l’intĂ©rĂȘt. Horizons cotonneux le matin dans la brume, Sanctuaire invitant au regard exaltĂ© De charme, d’élĂ©gance et que l’humus parfume D’inĂ©galĂ©es senteurs par leur
La couleur vertetrembleentre les mainsde l'automneLa mort maquilleles continuer... Deux vieux marins des mers du NordS'en revenaient, un soir d'automne,De la continuer... Au temps de la Toussaint, lorsque les cimetiĂšresS’ornent de cyclamens, de buis continuer... Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneuxEt son boeuf lentement dans le brouillard continuer... Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,LĂ -bas tord la forĂȘt comme une continuer... A Jules riviĂšre s'Ă©coule avec lenteur. Ses eauxMurmurent, prĂšs continuer... Vois ce fruit, chaque jour plus tiĂšde et plus vermeil,Se gonfler doucement aux continuer... Matins frileuxLe temps se vĂȘt de brume ;Le vent retrousse au cou des pigeons continuer... L'automneinonde nos regretsd’un lustre inconsĂ©quent et d’une couleur bronzeces continuer... Automne malade et adorĂ©Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraiesQuand continuer... Les sanglots longsDes violonsDe l'automneBlessent mon coeurD'une continuer... À Charles HenrySur le gazon dĂ©verdi, passent - comme un troupeau d’oiseaux continuer... IBientĂŽt nous plongerons dans les froides tĂ©nĂšbres ;Adieu, vive clartĂ© continuer... Dans le parc aux lointains voilĂ©s de brume, sousLes grands arbres d’oĂč tombe continuer... Dans le silencieux automneD'un jour mol et soyeux,Je t'Ă©coute en fermant les continuer... Quand de la divine enfant de NorvĂšge,Tout tremblant d'amour, j'osai m'approcher,Il continuer... Parmi la chaleur accablanteDont nous torrĂ©fia l'Ă©tĂ©,Voici se glisser, encor continuer... Le ciel se fait lourd quand rĂąlent les pupitresAnnonçant dans la cour un vide continuer... Sous des cieux faits de filasse et de suie,D'oĂč choit morne et longue la pluie,Voici continuer... Sors de ta chrysalide, ĂŽ mon Ăąme, voiciL'Automne. Un long baiser du soleil a continuer... C'est bien mon deuil, le tien, ĂŽ l'automne derniĂšre !RĂąles que roule, au vent continuer... Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique,Par mes plaines d'Ă©ternitĂ© continuer... Salut ! bois couronnĂ©s d'un reste de verdure !Feuillages jaunissants sur les continuer... Sois le bienvenu, rouge Automne,Accours dans ton riche appareil,Embrase le continuer... Voici venu le froid radieux de septembre Le vent voudrait entrer et jouer dans continuer... A toute autre saison je prĂ©fĂšre l'automne ;Et je prĂ©fĂšre aux chants des arbres continuer... L'azur n'est plus Ă©gal comme un rideau sans feuille, Ă  tout moment, tressaille, continuer... L'illusion bleue du ciella froide prĂ©sence du ventl'adagio du soleille continuer... Sentez-vous cette odeur, cette odeur fauve et roussede beau cuir neuf, chauffĂ© continuer... Peut-ĂȘtre un hĂ©risson qui vient de naĂźtre ?Dans la mer, ce serait un oursin, continuer... La glycine est fanĂ©e et morte est l'aubĂ©pine ;Mais voici la saison de la bruyĂšre continuer... Adieu, paniers ! Les vendanges sont faites !Qu’attends-tu, graine que je sais, continuer... Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,Plein d’adieux solennels, continuer... Parfois, quand le brouillard, vient assombrir nos routes,Et qu'au fond du tunnel, continuer... Comme je l'aime le vent d'automnequand je l'entends Ă  ma fenĂȘtreEt qu'il continuer... Le printemps est loin, si loinLes champs sont roses sombresDans le fil d'une continuer... L'automne fait les bruits froissĂ©sDe nos tumultueux l'eau tombent continuer... PrintempsLe printemps va bientĂŽt naĂźtre. Les hirondellesPour que l'azur s'en continuer... En bas, il y a une jolie mĂ©sangeAvec un ver en bec ; la voici qui le mangeDans continuer... Un beau ciel de novembre aux clartĂ©s automnalesBaignait de ses tiĂ©deurs les continuer... Sous ces rayons clĂ©ments des soleils de septembreLe ciel est doux, mais pĂąle, continuer... Aux jours oĂč les feuilles jaunissent,Aux jours oĂč les soleils finissent,HĂ©las continuer... L'automne mange le tempscomme un insecte secavale le reflet continuer... De boue le chemin est arbres encore vivement pluie rĂ©cente continuer... L’Automne s’exaspĂšre ainsi qu’une Bacchante,Folle du sang des fruits et continuer... C’est un matin
 non pas un matin de CorotAvec des arbres et des nymphes – continuer... C'est l'heure exquise et matinaleQue rougit un soleil travers la continuer... Vie sacrifiĂ©e d'une journĂ©e sans soleilLes arbres tombant, sans continuer... Les grand'routes tracent des croixA l'infini, Ă  travers bois ;Les grand'routes continuer... Je lui dis La rose du jardin, comme tu sais, dure peu ;et la saison des roses continuer... Mais des nuits d’automneGoĂ»tons les douceurs ;Qu’aux aimables fleursSuccĂšde continuer... Octobre est doux. - L'hiver pĂšlerin s'achemineAu ciel oĂč la derniĂšre hirondelle continuer... VoilĂ  les feuilles sans sĂšveQui tombent sur le gazon,VoilĂ  le vent qui s'Ă©lĂšveEt continuer... Octobre m'a toujours fichĂ© dans la dĂ©tresse ;Les Usines, cent goulots fumant continuer... ChĂątaignes rabotĂ©es de lumiĂšreet de silence aussi,comme des coquillagesblessĂ©s continuer... Octobre glorieux sourit Ă  la dirait que l'Ă©tĂ© ranime les continuer... À peine les faucheurs ont engrangĂ© les gerbesQue dĂ©jĂ  les chevaux Ă  l'araire continuer... Écoutez c'est le bruit de la joyeuse airĂ©eQui, dans le poudroĂźment d'une continuer... Maintenant, plus d'azur clair, plus de tiĂšde haleine,Plus de concerts dans l'arbre continuer... Les enfants des morts vont jouerDans le cimetiĂšreMartin Gertrude Hans et HenriNul continuer... Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,Comme par un prodige inouĂŻ continuer... Le ciel s'est libĂ©rĂ© de ses vapeurs torrides,Les jours se sont dĂ©faits des continuer... Je suis soumis au Chef du Signe de l'AutomnePartant j'aime les fruits je dĂ©teste continuer... Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal " Pour toi, bizarre amant, quel continuer... Mon Ăąme vers ton front oĂč rĂȘve, ĂŽ calme soeur,Un automne jonchĂ© de taches continuer... Vois-tu prĂšs des cohortes bovinesChoir les feuilles dans les ravines,Dans continuer... En ce temps-lĂ , JĂ©sus, seul avec Pierre, erraitSur la rive du lac, prĂšs de continuer... L'aurore automnale amĂšne la nostalgieDe la Bretagne et de son ocre continuer... Les choses qui chantent dans la tĂȘteAlors que la mĂ©moire est absente,Ecoutez, continuer... Vous laissez tomber vos mains rouges,Vigne vierge, vous les laissez tomberComme continuer... Voici que la saison dĂ©cline,L'ombre grandit, l'azur dĂ©croĂźt,Le vent fraĂźchit continuer...
Letemps a laissĂ© son manteau. De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vĂȘtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. Il n’y a bĂȘte, ni oiseau Qu’en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissĂ© son manteau. RiviĂšre, fontaine et ruisseau Portent en livrĂ©e jolie, Gouttes d’argent d’orfĂšvrerie, Chacun s’habille de nouveau : Le temps a laissĂ© son manteau. AprĂšs avoir retracĂ© ses origines avec Sketch, et ressuscitĂ© sa poĂ©sie avec Pourpre d’Automne, il Ă©tait naturel de faire Ă©cho Ă  la gloire et Ă  la prospĂ©ritĂ© de la maison Violet. Quel autre univers que celui d'ApogĂ©e pour leur rendre hommage ? Les annĂ©es trente Ă©taient une pĂ©riode pleine de contrastes pour la France. Alors persuadĂ© de ne pas ĂȘtre touchĂ©, la crise boursiĂšre mondiale ne tarda pas Ă  rattraper l’hexagone. MalgrĂ© la fin de la guerre, les tensions grandissaient de plus en plus en Europe. Au cƓur de ce marasme, le dĂ©veloppement des annĂ©es folles propulsa Violet Ă  son ZĂ©nith. Elle fut rapidement Ă©levĂ©e au rang des plus grandes industries de la cosmĂ©tique et fut dans les premiĂšres Ă  comprendre qu'elle vivait dans une sociĂ©tĂ© en quĂȘte de libertĂ©. La femme Ă©mancipĂ©e, libre, garçonne changeait les codes et la maison suivait. C’est durant cette pĂ©riode mouvementĂ©e et pleine d'antinomie, que la marque sortit le parfum ApogĂ©e. Il pouvait ĂȘtre retrouvĂ©, Ă  l’époque, dans un flacon en forme d’encrier, un moyen de montrer que la maison Ă©crivait sa propre histoire. Les affiches publicitaires et archives retrouvĂ©es, illustraient un paon et ses plumes aux couleurs flamboyantes. Un clin d'oeil non dissimulĂ© Ă  la fiertĂ© que l'on associe Ă  l'animal. Cela faisait aussi Ă©cho, de façon plus induite, Ă  la mode de l'Ă©poque et aux plumes qui ornaient la chevelure des dames, ses sources d'inspirations. Le temps faisant office et grĂące Ă  l'intervention de ses acteurs, ApogĂ©e devint Un Air d’ApogĂ©e. Le parfum d’origine Ă©tait, Ă  l’image de son temps, un combat entre ombre et lumiĂšre. Les facettes solaires et sensuelles des fleurs blanches telles que l’ylang et le jasmin contrastaient avec les facettes sombres animales et cuirĂ©s de la composition. Nous avons alors dĂ©cidĂ© de mettre l’accent sur cette atmosphĂšre cuirĂ©, mais elle aussi revisitĂ©e et en adĂ©quation avec sont temps. Le parfumeur Nathalie Lorson nous a prĂ©sentĂ©s une matiĂšre premiĂšre surprenante issue d’un headspace* de cuir. Nous avons donc travaillĂ© sur un cuir plus fin, moins brut et moins animal qui, une fois associĂ© Ă  l’iris, se transforma en note de daim, doux et sensuel. Nous avons Ă©galement ajoutĂ© un mimosa rayonnant qui apporta ce contraste et cette dimension de caresse lumineuse. Le tout se lia parfaitement avec les notes de miel, de foin et de tabac. Une composition qui nous ramĂšne directement dans les annĂ©es trente et ses cabarets enchantĂ©s. Un parfum Ă  l’apogĂ©e de son temps. * ProcĂ©dĂ© permettant de capturer une odeur, une atmosphĂšre, Ă  l'aide de capteurs afin de la reproduire et la traduire avec des matiĂšres premiĂšres olfactives. Explication Voici un nouveau recueil de poĂ©sies pour cette annĂ©e! 7 thĂšmes: la rentrĂ©e, les pĂŽles, NoĂ«l, les Indiens, la Chine, le printemps, les animaux d’Afrique. Pour chaque thĂšme, plusieurs poĂ©sies sont proposĂ©es. Elles ont un nombre de points attribuĂ©es en fonction de la difficultĂ©. Ça va de 3 points Ă  10 points. 26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 0100 L'heure d'hiver Il est plus de minuit et l’on va changer d’heure ! Le ciel sera plus noir et bien plus froid le temps MalgrĂ© parfois des signes d’ultime douceur Un soleil presque chaud et des bribes de vent Qui n’ose pas encor montrer son vrai visage ; Pas tout Ă  fait mistral ni plus tout Ă  fait brise, Sachant toujours cacher la folie et la rage Des torrents d’air en rut qu’on appelle la bise Tout lĂ -haut dans le Nord. AbrĂ©gĂ© par l’hiver, GrignotĂ© peu Ă  peu, le jour qui devient gris Nous a fait basculer dans un monde Ă  l’envers OĂč la lumiĂšre semble soudain rabougrie ; Les fleurs se sont fanĂ©es au fil d’un bel Ă©tĂ© ! Tout se recroqueville et glisse vers l’ailleurs D’une triste saison toute ratatinĂ©e
 Le clocher de Calas vient de sonner deux heures ! Vette de Fonclare Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes 4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 1256 *~*~*Quand je serai vieille *~*~* Quand je serai vieille. Je veux qu'on m'appelle par mon nom ou mon prĂ©nom, selon mes fantaisies. Je veux qu'on prenne le temps d'ĂȘtre un peu avec moi, parfois mĂȘme dans un silence confortable. Qu'on me touche et qu'on me prenne la main, seulement si ça me convient. Que toutes les attitudes envers moi me rappellent que je suis une vraie personne, mĂȘme si je fonctionne au ralenti, mĂȘme si j'ai quelques faux plis! Si la situation devient trop difficile, peut-ĂȘtre ferais-je un peu la confuse pour savoir ce que vous pensez rĂ©ellement de moi, peut-ĂȘtre serais-je rĂ©ellement confuse... J'aurai alors besoin de plus de tendresse et de chaleur, mais pas de me sentir dans une pouponniĂšre ! Si je n'entends plus, qu'on m'Ă©crive des messages, qu'on me laisse Ă  proximitĂ© des tonnes de papier. Si je ne vois plus, qu'on me donne l'occasion d'entendre de beaux textes, de la belle musique. Surtout parlez-moi en m'approchant, nommez-vous pour que je sache qui rĂŽde dans ma chambre. Si je ne parle plus, regardons-nous dans les yeux, lentement et le temps qu'il faut. J'aurai l'impression que quelqu'un tente de me comprendre. Comprenez que je crie de dĂ©tresse et d'impuissance le silence est si indĂ©cent, si angoissant. Si je n'ai plus la force de tenir un livre, aidez-moi Ă  trouver un autre moyen de me nourrir l'esprit. Auteur inconnu Published by cestmoi - dans PoĂ©sie - jolis textes 22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 1500 L'automne L'aube est moins claire, l'air moins chaud, le ciel moins pur ; Le soir brumeux ternit les astres de l'azur. Les longs jours sont passĂ©s ; les mois charmants finissent. HĂ©las ! voici dĂ©jĂ  les arbres qui jaunissent ! Comme le temps s'en va d'un pas prĂ©cipitĂ© ! Il semble que nos yeux, qu'Ă©blouissait l'Ă©tĂ©, Ont Ă  peine eu le temps de voir les feuilles vertes. Pour qui vit comme moi les fenĂȘtres ouvertes, L'automne est triste avec sa bise et son brouillard, Et l'Ă©tĂ© qui s'enfuit est un ami qui part. Adieu, dit cette voix qui dans notre Ăąme pleure, Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu'un souffle tiĂšde effleure ! VoluptĂ©s du grand air, bruit d'ailes dans les bois, Promenades, ravins pleins de lointaines voix, Fleurs, bonheur innocent des Ăąmes apaisĂ©es, Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! rosĂ©es ! Puis tout bas on ajoute ĂŽ jours bĂ©nis et doux ! HĂ©las ! vous reviendrez ! me retrouverez-vous ? Victor Hugo Published by cestmoi - dans PoĂ©sie - jolis textes 16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 1417 Les vendanges LES VENDANGES Hier on cueillait Ă  l'arbre une derniĂšre pĂȘche, Et ce matin, voici, dans l'aube Ă©paisse et fraĂźche, L'automne qui blanchit sur les coteaux voisins. Un fin givre a ridĂ© la pourpre des raisins. LĂ -bas, voyezvous poindre, au bout de la montĂ©e, Les ceps aux feuilles d'or, dans la brume argentĂ©e ? L'horizon s'Ă©claircit en de vagues rougeurs, Et le soleil levant conduit les vendangeurs. Avec des cris joyeux, ils entrent dans la vigne ; Chacun, dans le sillon que le maĂźtre dĂ©signe, Serpe en main, sous le cep a posĂ© son panier. Honte Ă  qui reste en route et finit le dernier ! Les rires, les clameurs stimulent sa paresse ! Aussi, comme chacun dans sa gaĂźtĂ© se presse ! Presque au milieu du champ, dĂ©jĂ  brille, lĂ -bas, Plus d'un rouge corsage entre les Ă©chalas ; Voici qu'un liĂšvre part, on a vu ses oreilles ; La grive au cri perçant fuit et rase les treilles. MalgrĂ© les rires fous, les chants Ă  pleine voix, Tout panier est dĂ©jĂ  vidĂ© plus d'une fois, Et bien des chars ployant sous l'heureuse vendange, EscortĂ©s des enfants, sont partis pour la grange. Au pas lent des taureaux les voilĂ  revenus, Rapportant tout l'essaim des marmots aux pieds nus. On descend, et la troupe Ă  grand bruit s'Ă©parpille, Va des chars aux paniers, revient, saute et grappille, PrĂ©s des ceps oubliĂ©s se livre des combats. Qu'il est doux de les voir, si vifs dans leurs Ă©bats, PrĂ©ludant par des pleurs Ă  de folles risĂ©es, Tout empourprĂ©s du jus des grappes Ă©crasĂ©es ! VICTOR DE LAPRADE 1860 Published by cestmoi - dans PoĂ©sie - jolis textes 7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 1607 Chant d'automne BientĂŽt nous plongerons dans les froides tĂ©nĂšbres ; Adieu, vive clartĂ© de nos Ă©tĂ©s trop courts ! J’entends dĂ©jĂ  tomber avec des chocs funĂšbres Le bois retentissant sur le pavĂ© des cours. Tout l’hiver va rentrer dans mon ĂȘtre colĂšre, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcĂ©, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacĂ©. J’écoute en frĂ©missant chaque bĂ»che qui tombe ; L’échafaud qu’on bĂątit n’a pas d’écho plus sourd. Mon esprit est pareil Ă  la tour qui succombe Sous les coups du bĂ©lier infatigable et lourd. Il me semble, bercĂ© par ce choc monotone, Qu’on cloue en grande hĂąte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C’était hier l’étĂ© ; voici l’automne ! Ce bruit mystĂ©rieux sonne comme un dĂ©part. J’aime de vos longs yeux la lumiĂšre verdĂątre, Douce beautĂ©, mais tout aujourd’hui m’est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’ñtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mĂšre, MĂȘme pour un ingrat, mĂȘme pour un mĂ©chant ; Amante ou soeur, soyez la douceur Ă©phĂ©mĂšre D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant. Courte tĂąche ! La tombe attend ; elle est avide ! Ah ! laissez-moi, mon front posĂ© sur vos genoux, GoĂ»ter, en regrettant l’étĂ© blanc et torride, De l’arriĂšre-saison le rayon jaune et doux ! Charles Baudelaire, Les fleurs du mal Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes 19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 0926 Test des Trois Passoires Socrate avait, dans la GrĂšce antique, une haute rĂ©putation de sagesse. Quelqu'un vint, un jour, trouver le grand philosophe et lui dit - Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ? - Un instant, rĂ©pondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires. - Les trois passoires? - Mais oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle le test des trois passoires. La premiĂšre passoire est, celle de la vĂ©ritĂ©. - As-tu vĂ©rifiĂ© si ce que tu veux me dire est vrai? - Non.. J'en ai seulement entendu parler... - TrĂšs bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vĂ©ritĂ©. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxiĂšme passoire, celle de la bontĂ©. - Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ? - Ah! non. Au contraire. - Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es mĂȘme pas certain qu'elles soient vraies. Tu peux peut-ĂȘtre encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilitĂ© - Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ? - Non.. Pas vraiment. - Alors, conclut Socrate, si ce que tu as Ă  me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? Si chacun de nous pouvait mĂ©diter et mettre en pratique ce petit test... le monde se porterait peut-ĂȘtre mieux. A diffuser sans restriction Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes 30 dĂ©cembre 2011 5 30 /12 /dĂ©cembre /2011 1657 2012 Juste pour vous souhaiter Ă  toutes et tous une merveilleuse annĂ©e 2012 SantĂ© * Joies * Argent Que vos voeux se rĂ©alisent pour vous et vos proches Chaque annĂ©e, j'ai un an de moins que l'annĂ©e d'aprĂšs. Dieu sait comment ça va finir Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes 14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 0951 L'automne Ma saison prĂ©fĂ©rĂ©e J'aime l'automne avec toutes ses couleurs or et pourpre. Les jours sont moins longs, c'est vrai mais, c'est aussi la pĂ©riode oĂč nous sommes dans notre cocon familial et passons d'agrĂ©ables soirĂ©es. Couleurs d'Automne Arbres remplis de fruits qu'en cette saison la nature Nous donne gĂ©nĂ©reusement ! GaietĂ© dans les vignes oĂč les raisins bien mĂ»rs Sont cueillis en chantant. Premiers brouillards et champignons cachĂ©s des bois Nonnettes voilĂ©es, bolets bais... Sous les noyers les enfants cherchent les derniĂšres noix Que le vent fait tomber. Dans un grand champ un percheron retourne la terre En fumant des nasaux Pendant qu'une volĂ©e d'oiseaux se battent Ă  l'arriĂšre Pour quelques vermisseaux ! De temps Ă  autre, des aboiements cassent le silence MĂȘlĂ©s de coups de feu... Cache-toi petite biche des chasseurs sans clĂ©mence, Si tu veux vivre heureuse, Dans les sous-bois colorĂ©s et les arbres chargĂ©s D'or, de feu et d'argent. Tes amis les cerfs se battent comme des enragĂ©s, Pour toi, jeune et charmante ! Pourtant chaque soir le soleil rĂ©trĂ©cit sa course En voyageur pressĂ©. Et chaque nuit la Petit' Ours se colle Ă  la Grand' Ours Sans jamais renoncer ! Premiers cheveux blancs qu'on voit dans un miroir DĂšs l'automne de l'Ăąge, Derniers vols d'hirondelles qui sentent venir le froid Et partent vers les plages... C'est la rentrĂ©e, les marrons sont tombĂ©s ; les feuilles Voltigent au vent du Nord L'enfant tout joyeux saute, les poursuit et les cueille En sortant de l'Ă©cole, Et des plus belles couleurs, il s'en remplit les mains, Puis les porte Ă  sa mĂšre, Qui pour ne pas dĂ©cevoir, garde prĂ©cieusement Ce trĂ©sor Ă©phĂ©mĂšre Jean-Claude Brinette Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes 29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 0700 A toutes les mamans Bonne fĂȘte Ă  toutes les mamans. Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes 30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 2200 Bon 1er mai Je reviens en meilleure forme et vous promets de passer sur vos blogs petit Ă  petit. J'ai vraiment Ă©tĂ© KO MUGUET Cloches naĂŻves du muguet, Carillonnez ! car voici Mai ! Sous une averse de lumiĂšre, Les arbres chantent au verger, Et les graines du potager Sortent en riant de la terre. Carillonnez ! car voici Mai ! Cloches naĂŻves du muguet, Les yeux brillants, l’ñme lĂ©gĂšre, Les fillettes s’en vont au bois Rejoindre les fĂ©es qui, dĂ©jĂ , Dansent en rond sur la bruyĂšre. Carillonnez ! car voici Mai ! Cloches naĂŻves du muguet ! Maurice CarĂȘme Published by MoĂŻsette - dans PoĂ©sie - jolis textes depuisle temps du soleil levant. L’air des mots. quelques mots. emportĂ©s par le vent. s’abandonnent dans les airs . l’un s’accroche Ă  une branche. l’autre se perd dans les nuages. la plupart retombent. dans un champ fraĂźchement labourĂ©. ils parsĂšment les sillons. dans l’attente d’un souffle . qui leur redonne un sens. sur un air verdoyant. Providence. [invitĂ© de la revue] Qu'est-ce que la poĂ©sie ? ou que dire de la poĂ©sie* Jean-Michel Maulpoix Article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur "Les prĂ©tendues dĂ©finitions de la poĂ©sie ne sont, et ne peuvent ĂȘtre, que des documents sur la maniĂšre de voir et de s'exprimer de leurs auteurs" Paul ValĂ©ry La poĂ©sie est mal aimĂ©e de la critique. Elle constitue un objet d’étude difficile Ă  cerner, en constante mutation Ă  travers l’histoire, et sur lequel la thĂ©orie a peu de prise. Bien qu’elle donne lieu Ă  ces nettes dĂ©coupes de langue qu’on appelle poĂšmes, si solidement Ă©tablis dans leur forme propre qu’on n’y pourrait changer un seul mot, il semble qu’elle refuse toujours de s’enclore. De sorte que parler de la poĂ©sie conduit la plupart du temps Ă  tenir un discours mal appropriĂ© trop technique ou trop subjectif. Le thĂ©oricien dĂ©sireux de construire un systĂšme rigoureux doit se rĂ©signer Ă  une navrante dĂ©perdition d’efficacitĂ© critique. Comment, pour la dĂ©crire, pourrait-on se satisfaire des formules qui fleurissent dans les manuels, telles que chant de la nature », cĂ©lĂ©bration des dieux », expression des sentiments personnels » ou dĂ©rĂšglement du langage » ? Ce sont lĂ  autant de stĂ©rĂ©otypes qui Ă©touffent les enjeux vĂ©ritables de l’écriture. Sans ĂȘtre tout Ă  fait dĂ©pourvus de sens, ils nĂ©gligent les singularitĂ©s. L’indĂ©fini y trouve refuge. Par les discours qu’on tient sur elle, la poĂ©sie se voit dissoute dans les gĂ©nĂ©ralitĂ©s, plutĂŽt que placĂ©e au centre d’une rĂ©flexion cruciale sur le langage. Les Dictionnaires de poĂ©tique » n’offrent guĂšre pour leur part que des outils qui facilitent l’observation des formes, sans ouvrir de vĂ©ritable accĂšs Ă  la question du sens
 À maints Ă©gards, la poĂ©sie reste l’orpheline de la critique. C’est plutĂŽt dans l’Ɠuvre mĂȘme des poĂštes, sur les marges ou au cƓur de leurs poĂšmes, que des clefs nous sont proposĂ©es les prĂ©faces de Victor Hugo, les lettres de Rimbaud, les Divagations de MallarmĂ©, les Cahiers de ValĂ©ry, la Correspondance ou les ElĂ©gies de Rilke, etc
 Il n’existe pas, Ă  ma connaissance, de sĂ©rieuse Ă©tude des discours critiques sur la poĂ©sie. Nulle histoire, Ă  proprement parler, n’en a Ă©tĂ© Ă©crite. Celle-ci pourtant rĂ©serverait d’étranges surprises. On y vĂ©rifierait combien les commentaires oscillent entre subjectivisme, mysticisme, spontanĂ©isme et formalisme ; mais on y dĂ©couvrirait Ă©galement que la poĂ©sie suscite autant de vagues discours que de partis pris tranchants. Tout au long de l’époque moderne, il semble que le fossĂ© n’ait cessĂ© de se creuser entre la rigueur des analyses conduites par les poĂštes eux-mĂȘmes et le caractĂšre approximatif des propos tenus par la tradition universitaire ou par les critiques de profession. Vague au dehors, dur au dedans, est-il un art qui ait vu autant que celui-lĂ  son histoire jalonnĂ©e de querelles, de ruptures et de manifestes, ni qui se soit autant retournĂ© contre lui-mĂȘme ? En procĂšs intense avec elle-mĂȘme, la poĂ©sie doit sans cesse rendre des comptes, s’auto justifier et rĂ©pondre Ă  la question de son pourquoi. Les fulminations de Charles Baudelaire ou d’Arthur Rimbaud contre Alfred de Musset, les propos rageurs de RenĂ© Char contre les paresseux », la vindicte de Francis Ponge contre le lyrisme Ă©lĂ©giaque, le soupçon d’Yves Bonnefoy contre l’image, la radicale mise en cause par Philippe Jaccottet des leurres du poĂ©tique, autant d’exemples qui vĂ©rifient que la poĂ©sie est un terrain d’affrontements, voire un champ de bataille Ă  propos du langage et de ses enjeux
 Cette intransigeance intellectuelle est le fait de poĂštes devant Ă  tout moment rĂ©affirmer bien plus que leur conception de l’art qu’ils pratiquent ou leurs partis pris esthĂ©tiques c’est leur raison d’ĂȘtre mĂȘme qui est en cause. Parce qu’ils touchent Ă  la langue. Parce qu’ils y nouent le subjectif et l’objectif. Parce qu’ils prennent le risque du mensonge et de l’illusion. Parce qu’ils font souvent parler les choses inanimĂ©es et les morts. Parce qu’ils se tournent vers autre chose, sur quoi la raison n’a pas prise. Parce qu’ils se laissent conduire par la chair et Ă©crivent sans autre contrĂŽle que celui de leur propre vigilance
 Une fois reconnus ces enjeux que l’époque moderne a mis en pleine lumiĂšre, il n’est pas Ă©tonnant que la poĂ©sie se dĂ©robe Ă  toute dĂ©finition
 Son objet n’existe que dans le travail mĂȘme qu’elle accomplit, tel une cible mouvante que chaque poĂšme localise Ă  sa façon sans l’atteindre jamais. Nul ne peut prĂ©tendre dĂ©finir la poĂ©sie, si au sens strict cela consiste Ă  en dĂ©gager l’essence, et donc Ă  dire ce qu’elle ne peut pas ne pas ĂȘtre. L’écriture poĂ©tique a pour principe de toujours passer outre il s’agit de brĂ»ler l’enclos », affirmait RenĂ© Char. Pourtant, il est aussi dans la vocation de la poĂ©sie de travailler sans cesse Ă  se dĂ©finir, se redĂ©finir. Ainsi que l’écrit Michel Deguy l’inquiĂ©tude de la poĂ©sie sur son essence habite la poĂ©sie dĂšs son commencement grec. » Elle est Ă©trangement ce travail Ă  la fois aveugle et inquiet du langage qui ne peut que chercher toujours Ă  en savoir plus sur ce qu’il fait et sur ce qui se joue en lui. À travers les propositions formelles du poĂšme, elle remet Ă  la fois la langue en jeu et sa propre existence en question. C’est Ă  coup sĂ»r l’un des traits particuliers de la modernitĂ© que d’avoir dĂ©gagĂ© la poĂ©sie de motivations extĂ©rieures, telles que la morale » et l’enseignement », pour la conduire Ă  se pencher de plus en plus sur elle-mĂȘme s’observer, se scruter, se dĂ©crire
 Égarant ses anciens repĂšres, ils l’ont mise hors d’elle-mĂȘme, hors du vers par exemple, voire hors du poĂšme. Sortie du bien et du beau, ils l’ont retournĂ©e contre le poĂ©tisme ». Ils lui ont fait jeter ses richesses aux orties. Ils l’ont dĂ©nudĂ©e, simplifiĂ©e, aplatie Ă  l’extrĂȘme. DĂ©sireuse d’isoler ce qui lui est spĂ©cifique, pour savoir davantage ce qu’elle peut et ce qu’elle est, la poĂ©sie moderne a exaspĂ©rĂ© sa propre dimension critique. Plus problĂ©matique » que jamais, elle a engagĂ© elle-mĂȘme le procĂšs de ses excĂšs, jusqu’à remettre durement en cause certains de ses plus anciens attributs l’image, le sentiment, l’espĂ©rance, la cĂ©lĂ©bration
 Chez quelques-uns de nos contemporains les plus lucides, elle s’est voulue possible autrement en prenant Ă  rebours les excĂšs et les chimĂšres dont elle avait depuis longtemps fait son ordinaire, sans rien sacrifier cependant de ce rapport singulier Ă  l’inexprimable qu’elle autorise, voire en le renforçant par un implacable travail de mise Ă  nu de la parole. On pourrait aussi bien dire que le poĂšte moderne ne cesse d’en finir, ou qu’il continue en s’efforçant d’en finir en retournant la poĂ©sie contre elle-mĂȘme, il en Ă©prouve la rĂ©sistance. Comme l’écrit encore Michel Deguy La poĂ©sie est suspendue ; mise en question, aujourd’hui par elle-mĂȘme au centre d’elle-mĂȘme. » Il semble que l’on puisse ainsi observer, au long de la modernitĂ©, une pression croissante du questionnement philosophique dans la poĂ©sie la question de son sens et de sa raison d’ĂȘtre se voit posĂ©e par le poĂšte dans le poĂšme mĂȘme qui en vient parfois Ă  ne plus exister qu’à travers ces questions. Voici, Ă  titre d’exemple, un extrait d’À la lumiĂšre d’hiver de Philippe Jaccottet Parler est facile, et tracer des mots sur la page, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, est risquer peu de chose un ouvrage de dentelliĂšre, calfeutrĂ©, paisible on a pu mĂȘme demander Ă  la bougie une clartĂ© plus douce, plus trompeuse, tous les mots sont Ă©crits de la mĂȘme encre, fleur » et peur » par exemple sont presque pareils, et j’aurai beau rĂ©pĂ©ter sang » du haut en bas de la page, elle n’en sera pas tachĂ©e, ni moi blessĂ©. Que la poĂ©sie moderne rĂ©flĂ©chisse ainsi Ă  haute voix ne signifie pas qu’elle soit devenue spĂ©culative elle l’a Ă©tĂ© largement aux temps classiques et romantiques, mais qu’elle est plutĂŽt de plus en plus spĂ©culaire toute attachĂ©e Ă  la mise en Ɠuvre de la rĂ©flexivitĂ© interne au langage. ProcĂ©der au nettoyage de la situation verbale » la cĂ©lĂšbre formule de Paul ValĂ©ry rĂ©sume assez bien cette exigence. OĂč la philosophie dĂ©finit des concepts, la poĂ©sie dĂ©coupe des objets de langue oĂč se renouvelle notre entente du rĂ©el, du sujet et du langage. Je ne peux trouver Ă  la poĂ©sie de raison d’ĂȘtre plus Ă©vidente que le simple fait que nous soyons des crĂ©atures qui parlent. Par cette parole humaine qui nous constitue, nous nous tenons au bord du monde, d’une tout autre maniĂšre que les animaux, liĂ©s et sĂ©parĂ©s, Ă  la fois immergĂ©s en lui et y faisant face, aussi curieux de ce qui existe que tracassĂ©s par ce qui n’existe pas. Puisque nous sommes des crĂ©atures parlantes, taraudĂ©es par le dĂ©sir et le souci, une place s’est faite en nous pour ces espĂšces de notions Ă©tranges que sont l’idĂ©al, l’absolu, l’impossible ou l’éternité  La poĂ©sie existe parce que le langage articulĂ© inscrit en vĂ©ritĂ© en nous beaucoup plus que ce que nous pouvons dire, ou parce que les mots ne sont pas une simple monnaie d’échange, mais nous portent au-delĂ  de ce que nous pouvons penser ou saisir. Elle est par excellence le lieu oĂč s’articule notre insatisfaction, notre contradiction. Elle trace, de poĂšme en poĂšme, nos lignes de fuite et donne Ă  entendre notre marche boiteuse et contrariĂ©e. RĂ©el et idĂ©al, coupure et liaison, avancĂ©e et retournement, chercherie et trouvaille, voilĂ  autant de couples de notions opposĂ©es que le travail poĂ©tique ne cesse de confronter, tirant de leur contradiction sa force. Le poĂšme est la scĂšne sur laquelle vient se jouer le drame de l’expression propre Ă  la crĂ©ature parlante. On y voit la langue se dĂ©battre. On y entend l’effort de la crĂ©ature pour s’orienter dans son propre inconnu. Souvenez-vous, par exemple, de l’étrange ouverture de La Jeune Parque de Paul ValĂ©ry Qui pleure lĂ , sinon le vent simple, Ă  cette heure Seule, avec diamants extrĂȘmes ?
 Mais qui pleure, Si proche de moi-mĂȘme au moment de pleurer ? Loin donc de m’attacher ici Ă  quelque improbable dĂ©finition de la poĂ©sie, j’ai choisi de la dĂ©crire aux prises avec les forces contraires qu’elle met en jeu. DĂ©crire ce que je pourrais appeler ses faits et gestes, en observant quelques-uns de ces couples de notions qui reviennent avec insistance sous la plume des poĂštes. Telle sera ma façon, nĂ©cessairement limitĂ©e, de rĂ©pondre Ă  l'inĂ©puisable question Qu'est-ce que la poĂ©sie ? 1. Avancer / se retourner Quiconque ouvre une anthologie de poĂ©sie ne peut qu’ĂȘtre frappĂ© par l’insistance de deux motifs apparemment antagonistes l’en-avant et le retournement. D’un cĂŽtĂ© une cĂ©lĂ©bration de l’éveil, du dĂ©part et de l’en allĂ©e, orientĂ©e vers le futur. De l’autre, une mĂ©lancolie crĂ©pusculaire, tournĂ©e vers la remĂ©moration du passĂ©. Parfois Ă©troitement conjuguĂ©s l’un Ă  l’autre comme dans le cĂ©lĂšbre poĂšme de Victor Hugo Demain dĂšs l’aube », ces deux motifs ont une valeur structurelle forte ils nous renseignent sur les enjeux de l’expĂ©rience lyrique. Ces deux motifs sont prĂ©sents dĂšs le mythe d’OrphĂ©e que la poĂ©sie occidentale n’a cessĂ© de reprendre et de styliser, reconnaissant de longue date en lui quelque chose comme la fable de ses origines. On se souvient qu’aprĂšs avoir perdu Eurydice, morte de la morsure d’un serpent, OrphĂ©e descendit avec courage aux Enfers dans l’espoir de la ramener. Il y charma de ses chants le passeur, adoucit les trois Juges des Morts, suspendit les supplices des damnĂ©s, et finit par obtenir du cruel HadĂšs la permission de ramener son Ă©pouse parmi les vivants. À cela, HadĂšs mit une condition qu’OrphĂ©e ne se retourne pas jusqu’à ce qu’Eurydice soit revenue sous la lumiĂšre du soleil. Or, par coupable impatience, OrphĂ©e ne tint pas sa promesse entrevoyant la lumiĂšre du jour, il se retourna pour s’assurer que sa compagne le suivait et il la perdit pour toujours. C’est alors que commença la douloureuse errance qui fit de lui ce chanteur Ă©plorĂ© capable d’entraĂźner Ă  sa suite ces vies muettes que sont les arbres et les animaux sauvages
 Tel que ce mythe le laisse entendre, le chant d’amour naĂźt de la perte pour ramener Ă  la lumiĂšre l’Objet perdu, la poĂ©sie va parmi les ombres et traite avec elles. Il peut arriver qu’elle les charme et soit tout prĂšs de les vaincre ou de les convaincre
 Elle ne descend pas aux Enfers par esprit de conquĂȘte, mais par amour, pour tenter de sauver l’amour
 Son en-avant perpĂ©tuel a pour origine un regard tournĂ© vers la mort. La voix errante » d’OrphĂ©e prend appui sur le vide. Elle est celle du premier grand Ă©chec », tel qu’il fonde la lyrique. Tordu comme un thyrse, OrphĂ©e est Ă  la fois mĂ©moire et prophĂ©tie il invente Ă  partir d’une perte. Le veuf inconsolable est aussi un civilisateur on l’a dit lĂ©gislateur, philosophe, inventeur Ă  la fois de l’alphabet, de la musique et de la poĂ©sie. PremiĂšre figure de la rĂ©flexivitĂ© Ă©lĂ©giaque, il transforme sa solitude fatale et dĂ©sespĂ©rĂ©e en dons pour la communautĂ© des hommes. Il est donc celui qui retourne la perte en don. Aux Enfers dĂ©jĂ , sa douleur et son chant avaient eu la capacitĂ© d’émouvoir les ombres sans consistance une communautĂ© fugace avait pu se crĂ©er autour de sa douleur. À partir d’une sĂ©paration, il suscite du rapprochement.. Il remembre ce qui s’est disjoint. Il rappelle ce qui s’est perdu. Sa lĂ©gende raconte une histoire de mots et de crĂ©atures qui affluent autour d’un chant. Son pĂšre naturel Oeagre Ă©tait un dieu-fleuve. À l’instar d’OrphĂ©e, le poĂšte apparaĂźt d’abord comme un homme qui se retourne OrphĂ©e vers Eurydice, Villon vers les neiges d’antan », Du Bellay vers son Petit LirĂ©, Lamartine vers la voix d’Elvire, Baudelaire vers le vert paradis des amours enfantines , Rimbaud cherchant la petite morte derriĂšre les rosiers », Apollinaire au fil du Rhin, voyant se dĂ©fleurir les cerisiers de Mai » qui se figeaient en arriĂšre », ou encore s’exclamant Je me retournerai souvent »  Telle est la dĂ©clinaison assidue d’un ubi sunt qui alimente la dimension Ă©lĂ©giaque de l’écriture OĂč sont nos amoureuses ? », Que sont nos amis devenus ? »  La poĂ©sie dit aussi bien “ je me souviens ” que Nevermore »  Que voit, que montre le poĂšte en se retournant ? Ce qui naguĂšre fut rĂ©uni une conjonction, une conjoncture. C’est vers des liens qu’il se retourne, aussi bien que vers des lieux ou vers un temps. Le retournement sollicite conjointement l’espace et le temps. Il est un travail de mĂ©moire. Ainsi le poĂšte s’avĂšre-t-il, selon la formule de MallarmĂ©, le Montreur des choses passĂ©es », celui qui donne Ă  voir le temps, un professeur de finitude. Son regard se porte sur ce qui n’est plus, aussi bien que sur ce qui est destinĂ© Ă  s’éteindre. Pour Nietzsche pourtant, ce retournement est aussi une façon d’allĂ©ger la vie Les poĂštes, Ă©tant donnĂ© qu’eux aussi veulent allĂ©ger la vie Ă  l’homme, dĂ©tournent leur regard du prĂ©sent pĂ©nible ou aident le prĂ©sent Ă  prendre, par une lueur qu’ils font briller du passĂ©, des couleurs nouvelles. Pour y rĂ©ussir, il leur faut ĂȘtre eux-mĂȘmes Ă  beaucoup d’égards des ĂȘtres tournĂ©s en arriĂšre en sorte qu’ils peuvent servir de pont, pour mener Ă  des Ă©poques et Ă  des idĂ©es trĂšs lointaines, Ă  des religions et Ă  des civilisations mourantes ou mortes. »[1] Ces Ă©poques, ces idĂ©es trĂšs lointaines » dont parle Nietzsche, c’est ce que Pascal Quignard appelle le jadis[2]. Il observe que les plus anciennes figurations humaines sont des rĂ©trospections.[3] Un prĂ©sent intense est du jadis vivant » Ă©crit-il. Sans doute la poĂ©sie a-t-elle pour fond la nostalgie. Nostalgie du jadis et du naguĂšre, nostalgie du perdu, de l’origine, de l’impossible. Nostalgie » provient d’un mot grec, nostos, qui signifie retour ». Comme l’écrit encore Quignard le nostos est le fond de l’ñme. La maladie du retour impossible du perdu – la nostalgia – est le premier vice de la pensĂ©e, Ă  cĂŽtĂ© de l’appĂ©tence au langage. »[4] Ce sont de trĂšs vieux liens qui dans la poĂ©sie ne cessent de se dĂ©nouer et de se renouer chant d’amour de la mĂšre, berceuse par quoi les mots se voudraient de souffle et de chair, chaleur du discours et lyrisme donc
 Il appartient au poĂšme, par sa musique comme par ses images, de nous lier encore Ă  ce qui a disparu. Le poĂšte ne se contente pas d’évoquer, de veiller ou de commĂ©morer avec nostalgie le jadis, il le travaille comme une substance vivante, un matĂ©riau prĂ©cieux, mental et verbal il en rĂ©veille l’éclat perdu, il en dessine la scĂšne, il le ramĂšne vers le prĂ©sent, jusqu’à la prĂ©sence. Ce jadis, c’est l’originaire, le fondateur, c’est-Ă -dire l’assise obscure de l’existence du sujet, aussi bien que la mĂ©moire enfouie de la culture. A la façon du baiser du Prince, l’écriture rĂ©veille une mĂ©moire heureuse, aussi bien qu’un jadis endormi dans la langue, dissimulĂ© par exemple dans l’étymologie des mots, la rĂšgle syntyaxique, ou dans les mythes et les symboles auxquels s’accordent les images
 Mais si le jadis est de l’originaire, se retourner, c’est aussi bien recommencer. RĂ©pĂ©ter la façon dont le chaos fut ajointĂ© en monde. C’est reproduire la genĂšse de la personne et de son dĂ©sir, aussi bien que celle, toujours imaginaire, de la terre mĂȘme oĂč nous vivons. Et c’est encore regarder vers le pourquoi du poĂšme. En poursuivre l’indĂ©finie chercherie. Chercher » sera donc mon deuxiĂšme motif
 2. Chercher / trouver Nous nous souvenons qu’au Moyen-Ăąge, le poĂšte Ă©tait dit troubadour ou trouvĂšre, c’est-Ă -dire trouveur. Les romantiques faisaient encore de lui un Ă©lu, un inspirĂ© recevant de la nature et de la rĂȘverie cette espĂšce de parole heureusement trouvĂ©e » que naguĂšre lui dispensaient les muses. DĂ©concerter par la surprise comme le souhaitait Baudelaire, ĂȘtre un inventeur d’inconnu comme le voulait Rimbaud laisser la place Ă  la trouvaille » comme le rĂ©clamait Apollinaire, ce sont lĂ  quelques-uns des motifs qui placent la poĂ©sie au plus prĂšs du don gratuit, telle un phĂ©nomĂšne d’entente et de rĂ©ception singulier, dĂ©pourvu de cause prĂ©cise. Cette grĂące de la trouvaille, appliquĂ©e cette fois au monde extĂ©rieur, constitue d’ailleurs un des sujets prĂ©fĂ©rĂ©s de l’écriture poĂ©tique qu’il s’agisse de l’éveil de la nature, de l’apparition soudaine d’une figure aimĂ©e ou de l’objet trouvĂ© » cher aux surrĂ©alistes, elle privilĂ©gie les imprĂ©visibles points de rencontre, les instants oĂč la trajectoire ordinaire de la vie se voit tout Ă  coup traversĂ©e par quelque Ă©merveillement. Mais si le poĂšte est trouveur, il est aussi chercheur. Curieusement, l’une des Ă©tymologies parfois proposĂ©es du mot rime » le rapproche non de rythme mais du verbe latin rimare » qui signifie rechercher, examiner avec soin ». Il va, il court, il cherche. Que cherche-t-il ? » Ă©crivait Baudelaire Ă  propos du peintre de la vie moderne » Que cherche donc la poĂ©sie, sinon, comme Henri Michaux, Ă  approcher le problĂšme d’ĂȘtre » ? En posant des questions qui portent moins sur l’ĂȘtre que sur la circonstance OĂč sommes-nous ? » Quand sommes-nous ? » Ainsi de Rilke demandant dans sa cinquiĂšme ÉlĂ©gie OĂč donc, oĂč est le lieu ? » , ou Verlaine faisant dialoguer l’ñme et le cƓur dans la septiĂšme Ariette oubliĂ©e » des Romances sans paroles Mon Ăąme dit Ă  mon cƓur Sais-je Moi-mĂȘme que nous veut ce piĂšge D’ĂȘtre prĂ©sents bien qu’exilĂ©s, Encore que loin en allĂ©s ? ­ Moins chantante qu’interrogative, moins inspirĂ©e que questionneuse, la poĂ©sie moderne est un tissage de mots dans la perplexitĂ©. Par la prĂ©cision de ses tours, elle entrouvre un peu la langue sur notre ignorance. Peut ĂȘtre dit poĂšte, celui qui nous rappelle, dans le vif du langage, que ce monde n’est pas maĂźtrisĂ©. Celui qui nous rouvre en sa profondeur cet espace que nous croyions fermĂ©. Celui qui nous invite Ă  nous remettre en chemin. Celui qui nous enjoint d’exister, tout simplement. Que reste-t-il ? Sinon cette façon de poser la question qui se nomme la poĂ©sie » Ă©crit Philippe Jaccottet dans ÉlĂ©ments d’un songe. Il illustre Ă  nouveau ce motif dans un texte d’A la lumiĂšre d’hiver intitulĂ© Autres chants » dont voici un extrait Cherchons plutĂŽt hors de portĂ©e, ou par je ne sais quel geste, quel bond ou quel oubli qui ne s’appelle plus ni chercher », ni trouver » C’est ainsi Ă  une espĂšce de retournement radical que la modernitĂ© nous donne Ă  assister l’inspirĂ© naguĂšre protĂ©gĂ© des dieux est devenu l’ĂȘtre perplexe qui protĂšge la question. Dans un de ses essais, Heidegger affirme Etre poĂšte, c’est mesurer »[5]. La poĂ©sie, en effet, est un langage mĂ©trĂ©, qui arpente le site de l’habiter » humain, dans l’entre-deux du ciel et de la terre ». La crĂ©ature y prend la mesure de ce qui lui appartient et s’y mesure Ă  ce qui la dĂ©passe. Elle tourne son regard vers les ĂȘtres et vers les objets du monde proche, aussi bien que vers d’invisibles lointains ou vers les hauteurs de l’azur. Mesurer l’entre-deux, tel serait le travail du poĂšte dont le parcours est familier autant que pĂ©rilleux puisqu’il lui faut dire les choses ordinaires de la vie aussi bien que s’acheminer vers des rĂ©gions extrĂȘmes oĂč s’égare le sens. Le pĂ©ril encouru par le poĂšte serait de perdre le bon sens et de s’égarer dans l’insensĂ©. De se trouver, par exemple, comme Rimbaud, le passant d’un Enfer, la victime d’une folie
 Car le parcours du poĂšte est bien diffĂ©rent de celui du philosophe. Quand celui-ci se fixe pour objet de retracer les limites qui bornent la condition humaine, il s’attache d’abord mĂ©thodiquement Ă  faire tomber les illusions. Quand il demande Que peut un homme ? », c’est en se dĂ©tournant avec fermetĂ© de l’impossible. La poĂ©sie reste au contraire au contact de l’illusion, elle s’écrit Ă  partir de ce qui perturbe, inspire, mobilise et met en crise le sujet le sentiment, la passion, la sensation
 La raison n’est pas son maĂźtre. La poĂ©sie cherche Ă  savoir Ă  travers une inflammation. Elle tend vers la clartĂ©, mais reste solidaire des tĂ©nĂšbres. Son objet n’est pas de fixer des conduites, ni de prescrire des bornes, mais plutĂŽt de savoir Ă  travers quelles sortes de vacillements nous nous tenons debout. Il me semble en dĂ©finitive que l’enjeu de la chercherie ne soit ni plus ni moins que la raison d’ĂȘtre. En sa visĂ©e ultime, et quel que soit son prĂ©texte, son point de dĂ©part plus ou moins circonstanciel, la poĂ©sie ne vise rien moins qu’à réévaluer sur le vif dans le vif d’une expĂ©rience nos raisons d’ĂȘtre. En tenant le rĂ©el et l’idĂ©al vis-Ă -vis l’un de l’autre, en confrontant sur l’axe du temps ce qui est, ce qui a Ă©tĂ©, ce qui pourrait ĂȘtre, en faisant donc la somme du possible et de l’impossible, la poĂ©sie fait valoir et Ă©value nos raisons de vivre. Elle Ă©volue du cĂŽtĂ© de la valeur. Ou elle tend vers la valeur. Faire en sorte que cette vie soit un peu moins absurde, voilĂ  ce que l’on pourrait demander au poĂšte. Ne l’embellissez pas artificiellement, ne nous trompez pas sur la vĂ©ritĂ© des choses, mais montrez-nous plutĂŽt de quelle pĂąte nous sommes faits et combien il entre de rĂȘve et de dĂ©sir dans la composition de nos jours. Expliquez-nous d’un mot, dans le regard de la passante, les conditions de l’espĂ©rance et de l’amour. Dites-nous ce qu’est le temps de vivre et de mourir. EmpĂȘchez-nous donc de nous perdre et de nous jeter dans ce qui nous dĂ©vore. On ne doit attendre rien moins du poĂšte que la vĂ©ritĂ© toute nue et tout entiĂšre, non pas abstraite et gĂ©nĂ©rale, mais concrĂšte et radicale, et telle surtout que s’y trouvent ainsi réévaluĂ©es nos raisons de vivre. Au poĂšte d’établir l’espace oĂč puissent entrer la plainte et la louange tenir le langage de la valeur et du sentiment. Au poĂšte d’instaurer la rĂ©sistance du mĂštre au chiffre, de la mesure Ă  la spĂ©culation et du rythme de la parole humaine aux bruits de la technique et du nĂ©goce. Au poĂšte de faire montre d’une certaine tenue autre forme de rĂ©sistance dans ce qui existe aussi bien que de ce qui existe cohĂ©sion et cohĂ©rence, en dĂ©finitive, de l’ĂȘtre et du milieu en son parler soutenu. Au poĂšte de montrer les liens, puisque l’homme Ă  travers l’histoire n’a fait qu’accroĂźtre la distance et la sĂ©paration. Ce motif constituera le dernier temps de mon dĂ©veloppement
 3. Couper / lier Depuis le milieu du XIXĂšme siĂšcle, la part de la coupure n’a cessĂ© de s’accentuer dans la poĂ©sie. Ecrit au couteau,[6] ce titre de Christian Prigent est Ă  maints Ă©gards emblĂ©matique du geste poĂ©tique moderne oĂč la conscience critique et la sĂ©paration ont pris le pas sur la parole inspirĂ©e et chantante. Coupure, plutĂŽt que couture, tel serait le sort moderne Le fragment, il faut le faire. Casser, fracturer, fragiliser, tracer l’arĂȘte affaire de dĂ©cision tranchante de coupures Ă©crire.[7] PrĂ©sente cependant dĂšs la fable originaire de la poĂ©sie occidentale, avec la tĂȘte coupĂ©e d’OrphĂ©e, la coupure est en vĂ©ritĂ© inhĂ©rente Ă  tout travail d’écriture poĂ©tique. Elle en conduit le rythme syncopĂ©. Les poĂšmes sont des objets de langue nettement dĂ©coupĂ©s des objets dont on pourrait dire qu’ils font image sur la page car c’est Ă  l’Ɠil qu’ils se donnent pour commencer. A la diffĂ©rence du romancier, le poĂšte travaille par arrĂȘts frĂ©quents » il lui faut renouer sans cesse avec des commencements de langue, Ă©tablir un nouveau rapport Ă  l’originaire. La poĂ©sie est une langue mise en coupe, et qui brise la prose usuelle par l’interruption, la segmentation des vers qui sont comme autant de segments ou de phrases plus ou moins rompues, emportĂ©es dans une tourne ». C’est par l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, la juxtaposition, l’anacoluthe et toutes sortes de court-circuits que la poĂ©sie prend les armes contre la rhĂ©torique et parvient Ă  Ă©lectriser le langage. Au ciseau des figures, elle Ă©vide ou fait saillir des creux, des bosses, des lignes de force. Faite d’élans, de surprises et d’intensitĂ©s, l’expĂ©rience poĂ©tique impose elle-mĂȘme Ă  l’existence une espĂšce de violente scansion, ponctuĂ©e d’emportements et de chutes. Elle cadre des instants, focalise l’attention sur des objets de rencontre et prend l’exister » sur le fait. Ses Ă©piphanies ressemblent Ă  des flagrants dĂ©lits. Elle espace et fracture la rĂ©pĂ©titive unitĂ© de la vie commune. Ainsi dessine-t-elle ce que Christian Prigent appelle un lieu d’indĂ©cision, un espace d’indĂ©termination du sens, pour tĂ©moigner de ce lieu et affirmer que ce lieu est le lieu spĂ©cifiquement humain »[8] La parole poĂ©tique tient Ă  la connaissance sourde, confuse, obscure
 que l’homme a de ses brisures. Aussi conduit-elle souvent le langage jusqu’à son point de rupture. Elle vient heurter le silence, ou se dĂ©coupe en lui. Tout prĂšs de se taire Ă  son tour. MenacĂ©e de rendre dans le dĂ©lire son dernier couac » je ne sais plus parler » s’exclame Arthur Rimbaud. Peut-ĂȘtre les plus touchants poĂšmes sont-ils ceux oĂč l’on entend une voix tout prĂšs de se briser. Une langue qui se brise ou qui est faite de bris Mon verre s’est brisĂ© dans un Ă©clat de rire », Ă©crit Apollinaire. Pourtant, si segmentĂ©e soit-elle, la parole poĂ©tique demeure un travail de filage. En vĂ©ritĂ©, le poĂšte rivalise avec les trois Parques de la mythologie antique il file la destinĂ©e dans la langue, il la mesure et il la coupe. À moins qu’à l’exemple de PĂ©nĂ©lope il ne cesse de tisser puis de dĂ©tisser sa toile
 La crĂ©ation poĂ©tique a pour fondement la capacitĂ© Ă  discerner, Ă©tablir, multiplier et rĂ©vĂ©ler des rapports. De ces rapports viennent les images. Pierre Reverdy dĂ©finit ainsi l’aptitude du poĂšte Sa facultĂ© majeure est de discerner, dans les choses, des rapports justes mais non Ă©vidents qui, dans un rapprochement violent, seront susceptibles de produire, par un accord imprĂ©vu, une Ă©motion que le spectacle des choses elles-mĂȘmes serait incapable de nous donner.[9] Il s’agit donc de produire une Ă©motion seconde, de nature esthĂ©tique, issue du rapport lui-mĂȘme, et dont la force tient aussi bien au renouvellement de la vision qu’à son extension inattendue voici qu’en ce nouveau phrasĂ©, le rĂ©el se montre Ă  la fois plus large et plus serrĂ©, plus Ă©tendu et plus cohĂ©rent. C’est lĂ  une maniĂšre de rĂ©plique Ă  l’usure du temps quotidien Ă  la monotonie de la rĂ©pĂ©tition, la servitude de la fatalitĂ©. Plus Ă©troitement que tout autre objet littĂ©raire, le poĂšme trame ses motifs au grĂ© de la navette du son et du sens, en mĂ©taphores filĂ©es, assonances, allitĂ©rations, au grĂ© des interruptions et des rĂ©pĂ©titions qui emportent la tourne des vers. Ce faisant, il tisse sur la page une espĂšce de toile sombre, semblable Ă  celle de l’araignĂ©e, et dont les trous et les blancs valent autant que les lignes. En cette toile faite de vers Ă©trangement soudĂ©s les uns aux autres, se laissent prendre, comme dans le piĂšge tissĂ© par l’insecte, quantitĂ© de passants imprĂ©vus la toile du poĂšme est pour les choses du monde un danger, autant qu’une espĂšce de derniĂšre demeure
 Pour dĂ©finir son travail, le poĂšte Jacques Dupin a recours dans ÉchancrĂ© Ă  la mĂ©taphore du ver Ă  soie. L’écriture est "une oeuvre de manducation et de mĂ©tamorphose insatiable, qui n'opĂšre, qui ne s'accomplit que dans la solitude, l'obscuritĂ©, le silence ...." Il reconnaĂźt dans le ver Ă  soie cette maniĂšre qu'ont aussi les mots de ronger le monde "pour accoucher d'une impondĂ©rable et tourbillonnante bouchĂ©e de fil", cette boulimie dĂ©sinvolte qui conduit Ă  manger la feuille pour dĂ©vider le fil, Ă  avaler des monceaux de papier pour juste "l'acuitĂ© d'un trait de soie". Écrire consiste Ă  tirer de soi un "embrouillamini de traces", un "nuage de filaments" qui dĂ©fie la raison et que l'Ă©crivain a pour tĂąche de suivre, sans cĂ©der Ă  "l'obsession de la prise", en acceptant de demeurer dans l'indĂ©cidable. Certes, l'Ă©crivain rĂ©pĂšte sur la page le geste ancien de la Parque, mais il dĂ©vide cette fois un fil alĂ©atoire qui sort de lui et dont il ne connaĂźt que trop l'extrĂȘme fragilitĂ©. VouĂ© Ă  la dĂ©possession, Ă  la disparition et Ă  l'effacement, il rĂšgne le temps de quelques pages sur un dĂ©risoire empire de dĂ©chets comme le ver collĂ© Ă  sa feuille, il fabrique un diaphane dĂ©but de beautĂ©. Et s'il Ă©crit parfois en vers, c'est que sa vie mĂȘme ne tient qu'Ă  ce fil. Sa figure propre n'existe pas il la nie, la piĂ©tine et la consume; elle se diffracte, s'Ă©chancre et se perd... Tel est bien le sort moderne du "sujet" dont Roland Barthes Ă©crivait dĂ©jĂ  dans Le Plaisir du texte qu'il se dĂ©fait dans l'Ă©criture "telle une araignĂ©e qui se dissoudrait elle-mĂȘme dans les sĂ©crĂ©tions constitutives de sa toile". Tout autant que le dehors, ses circonstances, ses objets et ses passants, c’est donc le plus intime et le plus obscur du sujet lui-mĂȘme qui dans cette toile se trouve pris. En filant et en dĂ©coupant la langue, le poĂšte constitue un rythme auquel se reconnaĂźtra sa voix il constitue comme la secrĂšte signature de son identitĂ©. De curieux enjeux psychiques travaillent l’écriture poĂ©tique, ouverte au rĂ©gressif aussi bien qu’à l’en avant, Ă  mĂȘme tout Ă  la fois de rĂ©tablir du fusionnel Ă  travers son systĂšme de rĂ©pĂ©titions que d’accentuer l’expression des coupures. Dans son Apologie du poĂšte », Pierre Jean Jouve la dĂ©finit comme un Ă©tat d’agglutination La PoĂ©sie est une pensĂ©e — un Ă©tat psychique — d’agglutination ; c’est-Ă -dire que des tendances, des images, des Ă©chos de souvenir vague, des nostalgies, des espĂ©rances, y apparaissent en mĂȘme temps et comme collĂ©s ensemble, provenant de hauteurs tout Ă  fait diffĂ©rentes. » [10] Le poĂ©tique conjugue le distinct et l’indistinct, la dĂ©termination l’accentuation, le soulignement, la bordure et l’hĂ©sitation prolongĂ©e. Il semble que ce soit du sein d’une plongĂ©e dans l’indistinct que le poĂšte travaille Ă  rĂ©tablir ou Ă©tablir de la distinction. Il ressaisit de l’ipse dans de l’idem, du singulier dans de l’identique. Mais il est, plus que tout autre celui qui entre et se dĂ©place tout d’abord dans l’indistinct, voire celui qui affronte le plus directement la confusion intime nulle clartĂ© ne s’ouvre pour lui qui ne suppose d’avoir cĂ©dĂ© d’abord Ă  l’illusion. Ecrire poĂ©tiquement consiste donc Ă  coudre de fil noir la page blanche, aussi bien qu’à en dĂ©coudre avec le sens, le non-sens, le rĂ©el, la chimĂšre
 Et c’est encore s’efforcer de recoudre nos dĂ©chirures, nos sĂ©parations, nos blessures. C’est incessamment reprendre ­ et repriser une couture qui se dĂ©fait. C’est rĂ©pĂ©ter ainsi indĂ©finiment le geste qui fut celui de notre naissance. C’est aussi bien se remettre au monde que faire perdurer le lien avec la langue maternelle. S’efforcer de rentrer, de retourner en elle. Parfois se retourner contre elle aller donc et venir, Ă  mi-chemin de la naissance et de la disparition, dans l’entre-deux qui est le nĂŽtre. Écrire, c’est avancer sur un fil, un filet de voix, dans la double ignorance de l’origine et de la fin. C’est dire et questionner la vie entre les deux inconnus qui la bordent. C’est nommer avec prĂ©cision le prĂ©sent, tel qu’il ignore ce qui le prĂ©cĂšde et ce qui le suit. On sait la prĂ©dilection des poĂštes pour les lieux et les moments lisiĂšres ce qui tout Ă  la fois sĂ©pare et relie. Ce qui borde, dĂ©limite, mais peut aussi bien s’ouvrir, Ă  la façon d’une plage, sur l’illimitĂ©. La poĂ©sie est une bordure de langue, qui fait face au dĂ©bordement. Elle dit notre vie bordĂ©e de noir par la mort. La vie dans la lumiĂšre noire de la mort, goutte sombre » au fond de l’encrier. Telle qu’elle nous est infiniment prĂ©cieuse, puisqu’elle doit nous ĂȘtre retirĂ©e. FenĂȘtre de jour entre deux nuits. Entre la terre et moi je rencontre la mort », Ă©crivait AndrĂ© ChĂ©nier. Si je devais parvenir un jour Ă  quelque dĂ©finition du poĂšte ou de la poĂ©sie, celle-ci aurait l’allure d’une mosaĂŻque elle serait faite de morceaux ajointĂ©s, de couleurs et de formes diffĂ©rentes, mais solidaires les uns des autres par quelques cĂŽtĂ©s. Et s’il me fallait rassembler autour d’un motif central les propositions fragmentaires qui la constituent ce ne pourrait ĂȘtre sans doute qu’une question qui serait celle de notre destinĂ©e. Volontiers, je dĂ©finirais le poĂšte comme celui qui reste en Ă©veil dans le temps, plus attentif que tout autre Ă  ce qui passe et change, et dĂ©sireux de retrouver ce qui demeure Ă  travers le passage mĂȘme du temps qui n’est jamais pour lui un milieu impur, mais un espace sensible oĂč toute forme de vie se montre Ă  la fois prĂ©cieuse et menacĂ©e. En mobilisant toutes les ressources de la langue, le poĂšte donne de la prĂ©sence Ă  ce qui s’absente inexorablement ce qui n’existe pas, ou que le temps emporte, ce qui n’est dĂ©jĂ  plus, ou ne sera jamais. Si la tristesse prĂ©vaut dans les poĂšmes, si la pure expression de la joie y est si rare, c’est que la poĂ©sie saisit toute chose dans la fuite mĂȘme du temps. Elle n’a pas affaire Ă  des idĂ©es ni Ă  des concepts. La prĂ©sence n’est pour elle si vive que de se perdre. Un poĂšme est un pont jetĂ© en travers du temps tous les reflets qu’on y peut voir par en dessous sont ceux de son Ă©coulement. PoĂšte celui que rien ni personne ne peut consoler de mourir et que la connaissance de la disparition conduit Ă  s’emparer fiĂ©vreusement du langage pour y fixer ce qui s’efface, aussi bien que pour y filer Ă  tombeau ouvert sur les routes mĂȘmes du temps. [1] Humain, trop humain, Ă©d. DenoĂ«l Gonthier, p. 150. [2] Pascal Quignard, Sur le jadis, Ă©d. Grasset, 2002. [3] Id., p. 107. [4] AbĂźmes, p. 44. [5] “L’homme habite en poĂšte”, Essais et confĂ©rences, coll. Tel, p. 235. [6] PubliĂ© aux Ă©ditions en 1993. [7] Michel Deguy, L’Impair, Farrago Ă©d., 2000, [8] Christian Prigent, À quoi bon encore des poĂštes ?, 1996, [9] Cette Ă©motion appelĂ©e poĂ©sie, op. cit., p. 57. [10] Apologie du poĂšte, Ed. Le temps qu’il fait, p. 9. *Article publiĂ© sur le site de l'auteur Qu'est-ce que la poĂ©sie ? Pour citer cet article Jean-Michel Maulpoix, Qu'est-ce que la poĂ©sie ? ou que dire de la poĂ©sie ? » article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur, in Le Pan poĂ©tique des musesRevue de poĂ©sie entre thĂ©ories & pratiques PoĂ©sie & Crise » [En ligne], n°0Automne 2011, mis en ligne en octobre 2011. URL. ou URL. Pour visiter le site de l'auteure Jean-Michel Maulpoix & Cie, poĂ©sie moderne, Ă©critures ... Auteure Jean-Michel Maulpoix cgLf12.
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